mardi 14 décembre 2010

ESPRITS

Des esprits qui prennent vie
des esprits qui naissent dans l'embryon
des génies qui se tortillent
des anges qui nous protègent
des mages qui s'incarnent en fer
des gardiens la main dans la main

samedi 4 décembre 2010

DANS DE BEAUX DRAPS

Nous voilà dans de beaux draps!

Les Rideaux de la Cathédrale de Burgos se deploient, tant de mises en pli.


 Peints ou sculptés dans le bois, dans la pierre ou l'albâtre, le drapé est omniprésent, obsédant; jusque dans le motif d'une tenture, un drapé dans le drapé.

Tous ces linceuls de vie, ces aubes de mort, ces chasubles de sagesse et même le suaire de la sainteté même apportent des vagues de chaleur dans ce grand froid gothique. Seuls les anges et le christ vont nus; ils sont purs...Le drap est là comme pour préfigurer l'âme, il voudrait envelopper le corps comme pour le magnifier, mais le plus souvent il le nie. Il le capture et le minéralise....Comme pour sublimer l'esprit!




Ici, l'habit fait le moine. L'image de la toge ou le dessin de la tunique, la texture du haillon forcent la personnalité, s'octroient une identité... Certains flottent légers comme des ailes, d'autres sont pesants, statiques mais éternels. C'est l'idée de majesté qui revient souvent à Burgos. A l'époque baroque on dépasse son humanité dans le drap et on oublie son propre corps. Ces draps sont parfois sombres voire insondables, ils nous plongent dans le mystère. Le drap est un relief qui met en évidence ce qu'il devrait dissimuler. Autrefois ils ont pu être dorés et nous révéler une personnalité tout en lumière. Et les draps rouges du sacrifice et du martyre... Tant de draps qui hantent la cathédrale comme des fantômes.



En remontant dans le temps, les tuniques sont peu repliées sur elles mêmes elles sont ouvertes sans hypocrisie, sobres, planes,elles tombent sans manières et dans cette simplicité, dans cette austérité, ressortent une grande douceur et une pieuse sagesse. Cette femme ne touche plus terre, elle est fluide dans son voile liquide. L'union de l'eau et de l'air pour envelopper un corps de pierre et on l'espère.... un Esprit de feu...




Pris seuls, ces draps constituent d'authentiques peintures abstraites ou des sculptures à part entière. Des blocs cubistes ou surréaliste, comme vous voudrez, qui représentent tout un monde replié sur lui même ou infini lisse et calme, une plage de repos dans le travail de la matière. On pourrait chercher l'inconscient de l'artiste. Ces plissements peuvent-ils nous susurrer un secret comme des voiles promptes à révéler les choses cachées du monde? Qu'y a t il derrière ces rideaux? Mystère. Très difficile à décrypter, cette visite ne m'a rien dévoilé



Un grand tour pour en arriver au tableau de Giovanni Pietro Rizzoli, disciple de Vinci: Sainte Marie Madeleine; elle n'a plus de drap elle est enrobée de ses propres cheveux (de feu), un abondante fourrure animale qui ne dévoile qu'un sein et tourbillonne. Plus chaude plus vraie que ces tableaux de foule qui font l'histoire qui s'amassent dans un grand froissement d'un passé un peu fripé.




Le 28 avril 2003 j'avais écrit:


Moduler le drapé jusqu'à obtenir des formes, des fantomatiques, le mystère du drapé vide. Chez les classiques le drapé n'existe que par la forme anatomique qu'il révèle mais n'a pas de forme identifiable en soi. Prenons aujourd'hui le cas où ce drap est seul, constituant d'une forme figée avec sa propre légitimité, il enveloppe le vide, contourne l'espace. Tout en courbe car le drapé ne s'incline/décline pas devant l'angle droit